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Laos
MOLAMS ET MOKHÈNES
Chant et orgue à bouche
Laos
MOLAMS AND MOKHENES
Singing and mouth organ
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avec / with:
Denesavanh Chanthakhad ,molam(Vientiane)
Vongvilay Opimsakda ,molam(Vientiane)
Pouvieng Vathalisack ,molam(Vientiane)
Souligna Fasavang ,molam(Paksé)
Bounthong Keoboula ,molam(Paksé)
Kianthiay ,fillede/daughterofBounthongKeoboula,molam(Paksé)
Khamsuane Vongthongkham ,mokhène(Vientiane)
Vilaphanh Phommachak ,mokhène(Paksé)
Atsavinh Souvannasing ,percussions
Ensemble Mahori / Mahori Ensemble (plage2/track2)
Bounmanh:vièle/fiddle si so —SomphoneManivong:xylophone lanat ék —YangKang:xylophone
lanat thoum — Khoune Duongdala : carillon de gongs/set of gongs khong vong — Sakpasith
Thammavong : tambour khong — Sisounéth : petites cymbales/small cymbals sing — Atsavinh
Souvannasing:cymbalesmoyennes/mediumsizecymbals sab.
Collection fondée par Françoise Gründ et dirigée par Pierre Bois
Enregistrements effectués au Laos entre 2005 et 2008. Prise de son et photos, Véronique de Lavenère ,
Vincent de Lavenère et Laurent Maza . Prémastérisation, mise en page, photos additionnelles, Pierre Bois .
Notice, Véronique de Lavenère .Traductionlao-français, Oday Pongvannasouk .Traductionanglaise, Frank
Kane . Illustrations de couverture, Françoise Gründ .
et 2009 Maison des Cultures du Monde.
INEDIT estunemarquedéposéedelaMaisondesCulturesduMonde(fondateurChérifKhaznadar•directionArwadEsber).
©
Ces enregistrements ont été réalisés grâce au soutien du Séminaire d’Etudes Ethnomusicologiques de Paris 4
Sorbonne, du Centre de recherche sur les Patrimoines et Langages Musicaux, de Culturesfrance, de la Cie
Chant de Balles, du CCCL de Vientiane et surtout du Ministère de la Culture et de la Recherche Lao que nous
remercions de leur confiance et leur précieux appui. Que ce disque témoigne toute notre reconnaissance aux
musiciens, devenus des amis très chers, qui ne cessent, depuis plus de treize ans, de nous faire partager leur
passion pour la musique. Véronique de Lavenère
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Vongvilay Opimsakda, molam ; Khamsuane Vongthongkham, mokhène ; Souligna Fasavang, molam
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Laos
MOLAMS ET MOKHÈNES
Chant et orgue à bouche
C e disque propose un voyage sonore du
deux xylophones, un carillon de gongs, une
vièle et des percussions, auxquels s’ajoute un
nombre variable de khènes . Cet ensemble,
bien que rarement utilisé pour les lam et les
khap où l'on préfère la formation spécifique et
plus réduite du chanteur accompagné par un
khène , accompagnait et accompagne toujours
le Khap Thoum Luang Prabang (plage 2).
Désir, amour et tourment, joutes amoureuses,
crainte et tristesse d’une séparation, récits de
héros légendaires, transmission d’un patri-
moine mythique et religieux ou simples événe-
ments de la vie se dévoilent dans l’art du chan-
teur ainsi que dans la dextérité et la douceur du
jeu du khène. Pratiqués à la moindre occasion,
pour le divertissement familial intime, les fêtes
improvisées ou celles bien établies du calen-
drier agraire et religieux, lam et khap forment
un tout où la performance implique une étroite
relation entre geste, parole et musique.
nord au sud du Laos, à la découverte des
multiples facettes d’un genre musical appelé
lam dans les provinces du centre et du sud du
Laos et khap dans celles du nord. Cette tradi-
tion musicale pratiquée par les molams et
mokhènes , si différente de l’ancienne musique
de cour marquée par la civilisation khmère,
occupe une place bien à part, au cœur des tra-
ditions musicales du sud-est Asiatique.
Lam et khap, revendiqués par les Lao eux-
mêmes comme l’expression artistique la plus
représentative de leur identité, se traduisent
en un genre vocal et poétique très populaire.
Laissant une grande part à l’improvisation,
ces chants traditionnels sont systématique-
ment accompagnés par un orgue à bouche, le
khène, instrument emblématique du peuple
lao. Pratiqué en diverses occasions, cet instru-
ment semble avoir sa place en toute circons-
tance : accompagnant principalement les
chanteurs molams , on le retrouve ponctuelle-
ment dans des pièces instrumentales en solo
ou aux côtés de l'officiant lors de cérémonies
pour les esprits. Il s’impose même au cœur de
l’un des ensembles orchestraux de l’ancienne
musique de cour, l’ensemble seb noï . Égale-
ment appelé mahori, cet ensemble comprend
L’art du molam
De l’anecdote sociale à la cour d’amour, sous
forme de chants à strophes alternées, les
chanteurs molams rivalisent par des paroles
improvisées. Ils puisent leur inspiration dans
la tradition orale, utilisant de temps à autre
des formules poétiques entendues auprès de
–4–
 
leurs aînés lors de performances passées. Le
double caractère sérieux et burlesque de ces
chants permet de passer d’échanges timides,
de jeux d’approche et d’apprivoisement à de
véritables provocations empreintes d’ironie
poétique et métaphorique. À la fois intense,
puissante et naturelle, dans un style sylla-
bique régulièrement enrichi de mélismes, la
voix se doit d’être particulièrement expressive
tout en jouant sur les contrastes, utilisant un
grand nombre de possibilités sonores oscillant
entre «chanté» et «parlé».
L’art du molam se révèle dans toute sa splen-
deur lorsqu’il appuie ses prouesses vocales et
poétiques par une gestuelle d’une grande
finesse, transmettant ses états d’âmes, tout en
ponctuant les phrases musicales.
Les principaux sujets poétiques développés
dans les lam et les khap évoquent autant la
morale bouddhique que les récits historiques
et mythologiques ou les grands thèmes de
cour d’amour. Pratiqués dans une ambiance
bon enfant, ces chants se veulent aussi didac-
tiques. Détenteurs d’une tradition, ils permet-
tent une transmission de connaissance et des
valeurs culturelles. Ils agissent pleinement sur
la cohésion sociale, adoptant une fonction de
régulateur dans la gestion de certaines ten-
sions ou conflits par un jeu de rivalités poé-
tiques. Les défis entre chanteurs peuvent alors
se teinter d’une certaine agressivité, prohibée
dans la vie quotidienne, de provocations et de
grivoiseries qui transgressent certains tabous
de la vie amoureuse.
Les thèmes les plus présents restent avant tout
ceux de la cour d’amour, tant dans les pièces
solistes que dans les chants alternés, véritables
joutes oratoires.
L’art du mokhène
«L’âme» des lam et des khap prend vie à travers
les sonorités profondes et intimistes du khène
qui accompagne le chant. Cet aérophone à
chambre à vent en bois dur est composé de
seize tuyaux en bambou, disposés en radeau,
et munis d’anches libres. Chaque tuyau, inséré
dans la chambre à vent, est percé d’un trou de
jeu. La production du son se fait alors par
insufflation buccale dans l’orifice situé à une
extrémité de cette chambre à vent. Les anches
libres ne vibreront que si le trou de jeu du
tuyau correspondant est obturé par un doigt.
Ne laissant aucune place au silence, le mokhène
recherche un «son continu», favorisé par le
principe même des anches libres qui vibrent
aussi bien par inspiration que par expiration.
Cette recherche d’épaisseur sonore bénéficie
des nombreuses possibilités de jeu polypho-
nique de l’orgue à bouche (bourdon continu
ou discontinu, note doublée à l’octave, ajout
de tierce et/ou de quinte…). En dressant un
cadre d’improvisation pour le molam , à partir
d’échelles pentatoniques anhémitoniques, le
musicien introduit progressivement le thème
de référence du lam ou du khap sur lequel le
chanteur devra improviser. Le mokhène
s’accorde alors une grande part de liberté lors
des préludes improvisés qui précèdent chaque
–5–
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